Exclusivité ! L’interview vérité de Gilles Goujon !

Chers lecteurs,

Comme bon nombre d’entre vous, mon flux d’actualité s’est vu submergé d’articles relatant les propos de deux chefs étoilés « agacés » par les photos prises par des clients dans leurs restaurants.

Tout comme vous, j’ai sursauté à la lecture de certains titres et certains dossiers assez complets n’ont fait qu’aiguiser ma curiosité.

J’ai donc décidé d’en savoir plus que ces quelques lignes résumées dans une dépêche AFP et suis parti, incompréhensions en tête, à la rencontre d’un chef et d’un homme d’exception : Gilles Goujon.

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Rémi Ohayon : « Bonjour Gilles, tout d’abord merci de me recevoir, j’imagine que tu es très sollicité par les médias en ce moment donc une nouvelle fois, merci »photo-mof-telephone-remi-ohayon

Gilles Goujon : « Merci à toi Rémi, c’est vrai que j’étais loin d’imaginer que quelques échanges avec une charmante journaliste que je n’avais pas sollicitée et qui m’a contacté sur mon portable me posant  quelques questions , et à qui j’ai répondu en toute quiétude, auraient suscité tant d’intérêt sur la toile et il me semblait important de prolonger la réflexion et peut-être d’initier ensemble une façon nouvelle d’appréhender ou de pratiquer les photos de plats dans les restaurants, ce que l’on nomme communément  sur internet le « food porn ».

(NDLR –Food porn is a glamourized spectacular visual presentation of cooking or eating in advertisements, infomercials, cooking shows or other visual media )

 

Rémi Ohayon : « Alors comme bon nombres de passionnés de « Food » j’ai été assez surpris de lire « interdiction » « agacé » … ? »

Gilles Goujon : « Je n’ai jamais dit être agacé, j’aime trop mes clients pour cela. Il n’a jamais été question d’interdiction non plus. D’ailleurs tous mes clients pourraient le confirmer. Je me prête aussi moi-même avec un réel plaisir au jeu des photos tous les jours avec mes clients avec lesquels je passe beaucoup de temps après le service. En revanche, j’ai dit que j’étais à la recherche d’une phrase à inscrire sur ma carte pour que cette pratique soit plus discrète. Et j’espère, qu’à la fin de notre entretien tes lecteurs comprendront à la fois le sens de mon message relayé par de nombreux médias et également mon envie de contribuer à établir une sorte de  code « éthique du fooding », pour qu’il devienne un plaisir pour tous. »

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Rémi Ohayon sur BFM Business : « Aujourd’hui, le client n’est plus un consommateur, en s’appropriant les réseaux sociaux, il devient ambassadeur »
Voir la vidéo en Replay sur BFM Business : « le numérique est un levier de notoriété – Rémi Ohayon  ! »

 

Rémi Ohayon : « Un code éthique du fooding, tu veux dire une sorte de règle, de code de bonne conduite pour réconcilier connectés et non connectés ?»

Gilles Goujon: « Ecoute, pour la première fois de ma carrière, ma pensée a fait l’objet de nombreuses parutions presse et cela m’a permis, non sans surprise de mesurer à la fois le plaisir et la gêne générés par cette nouvelle activité de prise de photos de plats.

« L’interdiction » de prendre des photos est un « scandale », c’est « illégal », c’est « contre-productif » et bien d’autres messages de contestation m’ont été rapportés Rémi… Parallèlement, j’ai reçu de nombreux mails dans lesquels on me propose cette dite phrase et j’ai trouvé cela particulièrement intéressant.

C’est pourquoi j’aimerais développer ici les quelques propos résumés dans une dépêche AFP, reprise et étoffée par les médias.

La créativité et l’hospitalité, valeurs essentielles de tout restaurateur ne font pas bon ménage avec les interdictions. Il n’est pas dans notre nature d’hôte, qui chaque jour essayons de créer autour d’un dîner un moment inoubliable, convivial et chaleureux, d’interdire, de prohiber quoique ce soit à nos convives, davantage encore lorsqu’il s’agit d’un plaisir.

Mais, comme on dit “la liberté des un s’arrête la où commence celle des autres ».

Et, oui, j’ai vu dans mon établissement, des personnes flasher leur plat, celui de leur épouse, celui de leur collègue, avec plus de frénésie à l’idée de les publier sur les réseaux sociaux qu’à l’idée de partager un moment d’exception avec les autres convives… certains allant jusqu’à quitter leurs chaussures pour monter sur leur chaise afin d’avoir un meilleur recul…

Certains me diront que non au contraire, à table ils sont 3 convives et sur Facebook, Instagram ou Twitter ils sont 1000 à voir cette photo et que cela est positif pour mon carnet de réservation…

Et, au delà de cet aspect économique, je suis subjugué, Rémi, par ces nouveaux médias sociaux, leur pouvoir de prescription mais surtout leur capacité à permettre les échanges entre passionnés qui se découvrent autour d’un Hashtag et vont converser de façon éphémère, partager une expérience, prodiguer un conseil…

Et c’est toute la restauration qui bénéficie d’une communauté très forte de blogueurs food, qui chaque jour contribuent à la notoriété de nos établissements en France et à l’étranger.

Bien loin de moi donc l’idée de blâmer les adeptes du fooding ou du food porn !

Mais, n’y a t-il un code de « fairplay » à établir pour que le moment du dîner ne soit pas entrecoupé de photos/publications/analyse statistiques sur le nombre de « likes » ou de « retweet » ?

J’ai également reçu bon nombre de messages formulant cette idée de propriété intellectuelle qui en une photographie part on ne sait où. Moi par exemple, certains de mes plats racontent une histoire à mesure que tu les dégustes. Lorsque tu vas au cinéma, te viendrait-il à l’esprit de raconter la fin du film à ton collègue qui ne l’a pas encore vu ? S’il le faisait que dirais-tu Rémi ? Par exemple si tu fais un arrêt sur image de mon œuf pourri, coupé comme le client le fait à notre demande en un jeu ludique, tu enlèves l’effet de surprise, de magie au prochain client, qui l’aura déjà vu ainsi coupé. Même si la surprise gustative reste intacte, ce sont 6 mois d’essai techniques pour raconter une histoire qui tombent ainsi à l’eau…

La encore, nous pouvons ensemble construire un code de bonne conduite qui permette à chacun de savourer, de partager son expérience sans tout dévoiler.

Interdire, ne pas comprendre le plaisir lié à cette activité ou encore pire, les retombées  économiques positives pour notre secteur, là, n’est pas mon propos, tu l’auras compris.

Je souhaite avant tout avoir toutes les clés en main pour pouvoir proposer la meilleure expérience possible dans mon établissement à l’ensemble de mes convives. C’est ce qu’on nous apprend aussi en qualité de Meilleur Ouvrier de France, tu le sais bien !

Mon témoignage n’était ni un coup de gueule ni l’ultimatum d’un hurluberlu déconnecté, mais une simple parole d’un chef qui cherche à faire profiter les adeptes et les non adeptes de cette nouvelle activité.

Un code de « fair play » est à inventer.

J’espère qu’ensemble, nous mettrons un peu de « règles du jeu » à cette nouvelle activité, qui comme tout nouvel usage a besoin de conseils pour faire l’unanimité »

Rémi Ohayon : «  Et si ensemble, avec la communauté food, nous trouvions une jolie phrase à imprimer en bas des menus, quelques mots pour réconcilier connectés et non connectés ? »

Gilles Goujon : « Allez ! Tu lances le concours et le texte le plus fédérateur sera publié sur ma carte, et le gagnant sera mon invité, dans notre établissement 3 étoiles Michelin »

Propos de : Gilles Goujon, Meilleur Ouvrier de France cuisinier

Recueillis par : Rémi Ohayon, Meilleur Ouvrier de France Internet et multimedia

Pour participer au concours : « Ensemble, trouvons une jolie phrase à imprimer en bas de nos menus, quelques mots pour réconcilier connectés et non connectés. Le texte le plus fédérateur sera publié sur la carte, et le gagnant sera l’invité du chef Gilles Goujon, 3 étoiles Michelin. »

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11360 Fontjoncouse
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